après être restés une semaine au mouillage devant le port de Funchal, nous avons eu notre dose de vie urbaine, direction les Selvagems, départ tranquille, pas d'air, moitié de la journée au moteur puis la nuit se fera sous voile...
Le guide nautique décrit ces îles comme un endroit isolé, triste, désert ou magnifique selon les envies de chacun, petite précision également du guide "attention ces iles sont très mal répertoriées, ne vous fiez pas aux cartes, arrivez avec le soleil en plein aplomb pour navigation à vue et surtout pour voir les rochers".
Voila la mise en bouche, on arrive, effectivement ça déferle de chaque coté du soi disant mouillage et c'est gros un tout petit peu plus loin.. on hésite, il y a une énorme bouée métallique au milieu de la baie où se situe la maison des gardiens, c'est le coffre qui sert au bateau de l'armée qui fait la relève des 2 gardiens, je les appelle à la VHF, c'est OK, la bouée est libre mais elle est big et ça bouge pas mal, on met l'annexe à l'eau, Ben est à la barre, Anja assure pour conduire l'annexe et moi je joue l'équilibriste pour mettre le bout dans la grosse manille...pas de problème, tout est joué en 5 minutes. Bravo loulou, bravo ma Chérie, on ira quand même remettre deux longues gardes pour la sécu et c'est Jade ce coup-ci qui m'emmène, elle assure aussi la belette... "Quelle bêtise d'interdire aux enfants de se servir des annexes sous prétexte d'un vulgaire permis mer, pour moi c'est un réel gage de sécurité que chacun à bord puisse la manœuvrer, et surtout dans des conditions chaudes".
Donc voila, on a hésité à rester ou pas, aller on va dire bonjour aux gardiens et on verra si on repart de suite, après tout ça nous à couté 8 € de bus à Funchal et une demi journée pour avoir le permis de venir ici!!!! la montée sur la cale en béton est un peu sport, les gardiens nous aident, Jacques et Ricardo nous souhaitent la bienvenue, check le permis et nous invitent chez eux. Petit repère isolé au pied de l'imposante falaise, un charme fou, "guillaume tu veut une bière, ben un verre de vin, les enfants vous voulez quoi... aller apéro, olive, fromage à volonté.. ce soir vous mangez avec nous, on vous fait visiter l'ile demain... "
Accueil incroyable, ils sont si sympa, si attentifs et si contents de nous voir, ils ne se rappellent même plus quand ils ont vu le dernier bateau français, et Jacques travaille là depuis 28 ans. Donc la totale pour nous, bière à volonté, repas à volonté, visite du mini domaine, les enfants jouent avec les Caragas, ces gros oiseaux sauvages pas effrayés pour un sou qu'on soit là....le cadre est fantastique et ce sentiment d'être seuls au monde sur une ile déserte est jouissif, perso je suis aux anges, les enfants jouent et découvrent le moindre recoin de notre nouvel environnement, les Caragas les passionnent, il y a aussi ces énormes crabes rouge vif..Ben photographie dans tous les sens. Bref, tout va bien sur notre nouvelle planète, et oui, il y a du bonheur sur l'eau et cette première vraie escale sauvage commence à donner un réel sens au voyage, il était temps..."
Le lendemain matin, on se réveille un peu secoué par les vagues, préparation en vue de la découverte de l'ile, mince, ou plutôt merde, Ricardo nous accueille avec une petite mauvaise mine, un peu due à toutes les bières qu'on a picolé la veille, un peu due au fait qu'il a fait rire les enfants toute la soirée, mais surtout due au fait que le secrétaire général leur rend visite dans quelques jours et qu'il faut tout nettoyer et préparer pour la réception, il vient tout les 5 ou 6 ans, alors tant pis, Ricardo nous fait tout de même une visite de deux heures à nous faire découvrir les paysages et la faune de l'ile, ça grimpe, il fait chaud, les enfants souffrent mais ils grimpent avec nous.
Après midi "norkelling à la recherche du gros mérou" qui vit devant la maison des gardiens, mais il a pas envie de se montrer aujourd'hui, l'eau est transparente, c'est sympa jusqu'au moment où Béné m'appelle, elle a mauvaise mine, son visage est écorché, son genou saigne, elle a voulu surveiller la louloute et a glissé sur cette roche hyper acérée mais le gros problème, le méga gros problème c'est qu'il y a un os. Du moins il y avait un os, car l'orteil de Ben s'est déboité, c'est de la folie, je n'ai jamais vu ça, l'orteil est sorti de sa cavité, il est en angle droit sur les autres, je sais pas quoi faire, il y a du sang, est ce une fracture ouverte ?? on est pommé ici.. incroyable la faible marge entre le paradis et l'enfer... je passe tout les détails sur mes hésitations et sur ce qu'il faut faire ou quels solutions trouver, ma chérie, elle, impressionnante de bravoure, se tire elle même l'orteil pour le remettre en place, ça fait clac ou plutôt "couick", pas même une plainte, pas même un bruit, elle serre les dents, c'est tout... j'avais vu ça dans les films, en vrai c'est beaucoup moins marrant!!!