Guillaume je me rattrape.....
Ile de N'Gor début Oct. 2008
C'est vrai, c'est tout à fait vrai et je m'en excuse, j'ai pas écrit depuis belle lurette... Pourtant j'aime bien ça, mais on est tellement occupé à ne rien faire ou à trop en faire, en fait je ne sais plus, ces derniers mois sur le bateau on était un condensé de bonheur, de découverte, de trucs sympas, mais aller c'est vrai aussi de quelques galères... mais il en faut bien dans la vraie vie....
Bon voilà j'écris parce que j'écris et parce qu'on est mouillés depuis deux jours sur l'ile de N'Gor et que tout à l'heure deux surfeurs sont venus faire TOC TOC à l'arrière du bateau, mon pote Alex, là, ici au Sénégal, au hasard... elle est pas belle la live... j'allais cet hiver acheter tout ce qu'il fallait dans le Ship dans lequel y travaillait, j'allais acheter un boulon, je revenais trois heures après, j'aime bien la discute c'est vrai... enfin quand je suis dispo...
Pis je réécris aussi pour moi, pour ma chérie qui me harcèle, pour (c'est incroyable) tous les gens nombreux qui connaissent notre Blog..... Alors voilà, mille excuses, on va tout remettre à jour, enfin je crois et j'espère, j' ai déjà la main sur la bière (Gazelle de Dakar) et les potes sont là, alors....
Pour procéder par ordre dans ma mémoire saturée de navigation et de ti'punch, je vais tout balancer dans le désordre.....
Déjà un mot qui sonne bien : « ti'punch », pour moi un espèce de symbole de ralliement entre navigateur ou pas, voileux ou pas, mais toute espèce sympa qui se déplace sur l 'eau... de mon ancienne vie « d'alcoolo », moi qui ait vendu des milliers de cocktails, je n'ai gardé que celui là. Quel plaisir de touiller et d'écraser le citron vert pendant des heures en écoutant tout le monde discuter de tout et de rien.... surtout discuter de voyage, d'escale, de déconne, de rencontre et de rêve.... on se fait assez chier avec l'entretien du bateau pour pas remettre du débat technique dans nos petites soirées.....
Alors les ti'punch chez Yvonnick, son bateau Number 5, à Palmeira, Cap Vert, y fait plus de 40 ° dans le bateau, Yvonnick c'est le pur breton, brut de pomme en premier, adorable en second.... avec des doses de rhum qui atomisent la première tafiole venue.... il est 14 heures, ma femme est là, les enfants jouent et découvrent toutes sortes de binious et cornemuses, des potes sont là... on n' est pas raides non, on plane.... l'alcool transcende, enfin je sais pas, j'ai l'impression d'être dans une mini tribu et tout se développe autour de moi, la métaphysique d u rhum quoi.....
J'ai aussi envie de faire un détour par Santa Luzia, île déserte au combien magnifique et séduisante...surtout après l'arrivée un peu désagréable sur l'ile de Sal.... Faut comprendre les Lous, on s'était sacrement bien habitué à l'accueil hors norme de Dakhla, alors quand après 5 jours de navigation je crois, je sais plus en fait, on arrive à Palmeira pour faire l'entrée dans le pays, c'est le samedi et tout le monde est complètement défoncé sur le port avec des regards un peu suspects envers nous, c'est un peu le choc et surtout un sacré contraste.... tu me diras, ça nous empêche pas de nous fondre rapidement dans le décor en 24 heures, les doudous dans le bateau voisin de Kathy et après midi Disco au Capricorno... faut bien s'adapter quand même, et j'ai pas bu de bière depuis deux mois, alors.....
Donc SANTA LUZIA, on y arrive car on en pouvait plus de rester à Palmeira, pourtant c'était sympa la petite communauté de l'annexe, parfois plus de 6 ou 7 annexes derrière le Lou.... on n' en pouvait plus non plus de l'eau boueuse dûe aux ondes tropicales (impressionnant, le torrent de boue juste devant le bateau, la plage dévastée, les barques qui coulent, une voiture emportée par la boue...si j'explique tout, y' aura plus vraiment de fil conducteur dans l'histoire, déjà que c'est un merdier sans nom pour comprendre...)......
Voilà donc de donc, SANTA LUZIA, déçus par notre stop de deux jours à Tarrafal sur Sao Nicolau, on continue motivés de découvrir quelques paradis vers les petits ilots de RAZO, où nous ne trouverons jamais la soit- disante digue, avec un petit phénomène local sympa, l'eau qui bouillonne autour du bateau, comme un jacuzzi à la maison mais en plus grand.... Donc pas possible le stop à Razo, c'est pas grave on file sur la toute proche voisine de BRANCO, impressionnant, une langue de pierre qui s'élève, mais pas moyen d'y mouiller, mais nous motivés on essaye quand même.... c'est incroyable cette houle, parfois tu te demandes comment ça marche ce machin, tu devrais être protégé, mais ça rentre tout le temps... aller on se casse, Branco c'est pas pour nous non plus..... dernière chance disponible Santa Luzia, on commence à se poser de questions tout de même, pas moyen de trouver chaussure à notre pied ou plutôt mouillage à notre ancre ici au Cap Vert, pour le moment faut l'avouer on est un peu déçus...
Alors enfin, enfin, une ile déserte, un ilot, une immense plage de sable blanc et des montagnes, des montagnes et des paysages de fou.... on se réconcilie avec l'archipel du Cap Vert, on serait bien restés des semaines là bas, mais les copains arrivent à Dakar, alors ça ne sera qu'une petite dizaine... des jours de chasse sous- marine, tous les jours c'est poisson à gogo ou plutôt à Anja, faut voir comment il assure mon fiston, c'est le meilleur au monde, en plus il est beau comme moi !!!!! aussi des randonnées de folie, des lignes de crête comme dans le Seigneur des anneaux, mais là bien sur c'est nous les acteurs et le décor n'est pas des moindres, on se force même un peu, à redescendre des montagnes la nuit, avec quelques petites escalade et frayeur quand notre chien tombe de plus de 5 mètres, mais rien, il est solide le Breizh (on l'appelle BuBu dans ces cas là).... tout file trop vite ici, on pourrait y rester une vie, on a le poisson pour le midi et le soir, on a l'eau douce du dessal, on allume un peu les moteurs tous les 4 ou 5 jours, on a du stock de pâtes et riz, et ma chérie est devenue une vraie boulangère, pain frais tous les matins, et même les Dumpet Bushman Bread qu'elle nous fait, ouah, meilleur qu'à la Mie câline de Carrefour Alonnes.... voilà on aime bien cette ile et on l'aime bien c'est sûr.....
Les gens qui parlent pas, on les écoute pas !!!!! ça c'est des vraies vérités, elles me viennent à l'esprit toutes seules... moi, j'aime les gens authentiques, grandes gueules ou bourrus, marins surtout, débutant ou pas, mais on vit sur l'eau alors on est marins, donc un devoir de partage et de solidarité des gens de la mer.... ça c'est l'esprit, parce que y a quand même quelques bons cons.......
LA SUITE
20 février.....5 mois après.... pas mal de choses ont changé, ou plutôt presque tout a changé...
On était une famille d'oiseaux, volant au dessus des nuages, notre bonheur transperçait les nuages, nous mangions le soleil et l'amour à chaque jour de notre voyage, tout était beau, tout nous éblouissait, nos yeux n'était pas assez grands pour toute les richesses que nous observions, nos cœurs se sont ouverts à l'Afrique, ou plutôt l'Afrique nous a emportés avec elle, tel un amour foudroyant, on dirait banalement un coup de foudre, pourtant on l'a simplement effleurée, à peine touchée du doigt, mais quelle magie, ouais quelle magie.
Je parle de la Casamance avant de parler de nos déceptions qui viendront bien assez tôt dans ce récit.
La Casamance nous a transportés, je n'ai jamais rien ressenti de tel,ses paysages m'ont terriblement apaisé, moi l'éternel insatisfait, l'éternel agité... ses couleurs, ses chaleurs ont guéri une partie de moi.... un ami m'a dit (Alain de Ysée) « tu rentres ici sur une terre magique ».... on venait d'arriver à Niomoune, en étant rentrés par la rivière Kallisay (le faites pas, c'est dangereux, notre bonne étoile nous a aidés!!!), je comprenais qu'à moitié encore....
Aujourd'hui, cette terre est loin derrière nous, et mon dieu que je comprends, qu'elle me manque, comme un amour trop bref, il y des moments qui ne s'expliquent pas, il y a des moments qui se vivent, qu'on a vécus, qu'on ressent tous différemment, suivant la période de sa vie, suivant son état d'esprit, il y a des choses qu'on comprend et des moments qu'on ressent.
L'Afrique est une terre d'aventure et de découverte, elle nous convenait à merveille...j 'ai pas trouvé d'équivalent pour l'instant et j'en suis malheureux...
UNE AUTRE DECOUVERTE... LA TRISTESSE....
On doit remonter sur Dakar après deux mois de Casamance, deux mois en apesanteur dans les étoiles à se balader de galaxie en galaxie, un parcours hors norme.... donc on remonte car on doit poser Mimi et Jean Paul à l'aéroport et rejoindre le Rallye des Iles du soleil auquel nous nous sommes inscrits deux ans plus tôt....
Nous arrivons de Mars, et le retour sur terre est trop brutal.... on rejoint le Rallye à Dakar devant le Sofitel Teranga, la fracture est trop grande pour nous, qu'est ce qu'on fait là, le racket commence, tu veux prendre la navette tu payes, dans le 5 étoiles, tu payes, pour l'hôtel de luxe, pas d'enfants dans la piscine.... ça y est je ressors les crocs, la Casamance m'avait apaisé, la connerie humaine me révolte, je deviens agressif....
Voici un extrait de ce que j'ai écrit pendant notre période de Rallyman :
« Il n'y a plus le parfum d'avant dans notre voyage, c'est comme si toutes ces odeurs de rêves qui nous ont longtemps accompagnés s étaient envolées, disparues... où sont -elles parties ? et pourquoi ?
Depuis que nous avons rejoint ce rallye, notre façon de voyager a changé, nous sommes passés du sentiment d'explorateur-navigateur à un retour au monde des terriens-citadins, dans leur bateau de luxe qui n'a jamais connu l'exotisme d'un bolong, avec le charme d'un mouillage improvisé en toute solitude.
Ils n'ont pas de caractère, sont lisses, pas déconneurs, pas d'enthousiasme, et nous on se retrouve parmi eux et on devient comme eux.
La magie de la famille, ensemble dans le bateau a disparu elle aussi, on est moins bien, on se couche tard et on écoute des discussions qui nous saoulent.
J'ai besoin de retrouver l'âme du voyage, le sens de notre voyage, parmi eux, tout se perd... tout le sens du grand voyage qu'il n'auront jamais, ils nous font courir à nous, le risque de le perdre.
Combien de temps encore ????
Je suis fatigué, j'ai besoin de repos, marre de suivre un rythme qui nous convient pas...
Je ne me suis jamais senti aussi seul que depuis que nous voyageons en groupe, on a toujours pété la forme, là, ma femme est fatiguée, elle ne dit rien mais je le vois, moi je suis KO, otite à répétition, un truc qui ne m'est jamais arrivé, peut- être est ce nos corps avant notre esprit qui réagissent à la connerie de ce voyage...
Nous voulons notre vie d'avant, celle qui était faite de Kite- surf, de nuits dans le désert, de vraies rencontres, celle où nous avions notre ile déserte rien qu'à nous, où nous avons chassé le poisson chaque jour et fait des randonnées à encore en être émerveillés..
Notre vie qui se rythmait par la découverte quotidienne d'un nouveau bolong, d'un nouveau village africain, des couchers de soleil sur la Casamance, des ondes tropicales qui font gronder le ciel avec des couleurs irréelles et où notre petit bateau devient un abri magique...
L'Afrique me manque profondément, j'ai besoin du calme de la Casamance, de rencontrer de nouveaux amis, ceux qui ont de l'histoire sur leur visage, qui sont vrais et francs, des caractères, des personnalités, des sourires, oh oui, retrouver les sourires de notre petite bande de bateaux de Palmeira....
Je sais que tout ça va revenir, quand nous partirons et retrouverons nos ailes, nous nous sommes mis en cage tout seuls, mais nos enfants ont l'air heureux, et aussi l'Amazone qui arrive, alors que faire ?????? »
Aujourd'hui, nous en sommes sortis, ouf, on respire à nouveau, on aura fait un passage de 3 mois à peu près, même pas la moitié, c'est suffisant, on y est restés car ça coûte très cher (mais ça sert à rien) et on ne voulait pas payer une deuxième fois l'escale de Fernandho de Noronha, et aussi pour nos copains de Sualiga et sa bande de doudous avec lesquels nos enfants avaient bien fusionné.
YaYa, c'est mon pote de Transat, le cap'tain de Sualiga, celui avec qui on a discuté pas mal de temps tous les soirs à la BLU, en discutant de tout et de rien , surtout pour écouter la voix de l'autre qui réchauffe le cœur de celui qui écoute.... eh, les Sualigettes, on se retrouve en Guyane, avec la Banane, vous aurez quitté vous aussi ce Rallye et je pense que votre voyage commencera enfin, le vrai voyage......
Voilà, je suis en train d'écrire ce texte à Galinhos, dans la poussada de Clara, superbe poussada de charme au ras de la lagune, cadre idyllique, dunes de sables géantes, rues de sable, pas de voiture, presqu'ile de pêcheur isolée de tout, des charrettes, des ânes, un super spot de surf et Kite surf, des sourires, de l'accueil.... mais ça je ne le vois que depuis peu, on est arrivés ici tellement fatigués.....
Galinhos, c'était notre porte de sortie du Rallye, fallait que je trouve quelque chose de sympa pour les Lous, au Brésil c'est pas facile en bateau, les rares abris dans les rios sont souvent des accès aux grandes villes....mais les rencontres et le hasard font bien les choses, notre voyage recommençait doucement, on le sentait au fur et à mesure des nouvelles rencontres qui nous ont amenées jusqu'ici...
Une dernière pensée pour aujourd'hui, une qui m'accompagne souvent....un espace de bonheur dans mes rêves...une douceur qui donne plus de goût à la vie...
à ma belle maman..à ma belle Mimi....
Vous êtes venus nous voir en Casamance, j'ai adoré tous les moments partagés ensemble, j'avais envie de m'occuper de toi, pour une fois te donner un peu de mon temps.... ce que le sale con que je suis n'avait jamais fait...
Toutes ces années l'un à coté de l'autre sans se voir parfois, si bien sûr, toi tu voyais, moi je courais, mon cœur était sans doute trop petit à l'époque, mes yeux ne voyaient pas assez large pour prendre tout l'amour que tu nous as toujours donné...
Je regrette tous ces moments perdus, mille excuses, parfois mon cœur en pleure, c'était pas toujours facile pour moi, c'est ma seule excuse, trop de préjugés, trop d'assurance, trop grande gueule... et surtout trop de fatigue et pas assez de temps pour découvrir....
voilà, sachez tous aujourd'hui que j'aime à la folie la Grand -mère de mes enfants et le Polpol qui va avec bien sûr..... Criez le haut et fort.... nous resterons nostalgiques du passé, heureusement, et partagerons un futur plus simple...
Notre quotidien d'entrepreneur français nous a gaché tellement de moments, maintenant c'est fini.....
J'aime ma vie, j'aime ma femme, mes enfants sont beaux à en crever, mon bateau est beau, et moi aussi....alors voilà, voilà quoi...tu veux quoi encore!!!!!!!!!!!
Ile de N'Gor début Oct. 2008
C'est vrai, c'est tout à fait vrai et je m'en excuse, j'ai pas écrit depuis belle lurette... Pourtant j'aime bien ça, mais on est tellement occupé à ne rien faire ou à trop en faire, en fait je ne sais plus, ces derniers mois sur le bateau on était un condensé de bonheur, de découverte, de trucs sympas, mais aller c'est vrai aussi de quelques galères... mais il en faut bien dans la vraie vie....
Bon voilà j'écris parce que j'écris et parce qu'on est mouillés depuis deux jours sur l'ile de N'Gor et que tout à l'heure deux surfeurs sont venus faire TOC TOC à l'arrière du bateau, mon pote Alex, là, ici au Sénégal, au hasard... elle est pas belle la live... j'allais cet hiver acheter tout ce qu'il fallait dans le Ship dans lequel y travaillait, j'allais acheter un boulon, je revenais trois heures après, j'aime bien la discute c'est vrai... enfin quand je suis dispo...
Pis je réécris aussi pour moi, pour ma chérie qui me harcèle, pour (c'est incroyable) tous les gens nombreux qui connaissent notre Blog..... Alors voilà, mille excuses, on va tout remettre à jour, enfin je crois et j'espère, j' ai déjà la main sur la bière (Gazelle de Dakar) et les potes sont là, alors....
Pour procéder par ordre dans ma mémoire saturée de navigation et de ti'punch, je vais tout balancer dans le désordre.....
Déjà un mot qui sonne bien : « ti'punch », pour moi un espèce de symbole de ralliement entre navigateur ou pas, voileux ou pas, mais toute espèce sympa qui se déplace sur l 'eau... de mon ancienne vie « d'alcoolo », moi qui ait vendu des milliers de cocktails, je n'ai gardé que celui là. Quel plaisir de touiller et d'écraser le citron vert pendant des heures en écoutant tout le monde discuter de tout et de rien.... surtout discuter de voyage, d'escale, de déconne, de rencontre et de rêve.... on se fait assez chier avec l'entretien du bateau pour pas remettre du débat technique dans nos petites soirées.....
Alors les ti'punch chez Yvonnick, son bateau Number 5, à Palmeira, Cap Vert, y fait plus de 40 ° dans le bateau, Yvonnick c'est le pur breton, brut de pomme en premier, adorable en second.... avec des doses de rhum qui atomisent la première tafiole venue.... il est 14 heures, ma femme est là, les enfants jouent et découvrent toutes sortes de binious et cornemuses, des potes sont là... on n' est pas raides non, on plane.... l'alcool transcende, enfin je sais pas, j'ai l'impression d'être dans une mini tribu et tout se développe autour de moi, la métaphysique d u rhum quoi.....
J'ai aussi envie de faire un détour par Santa Luzia, île déserte au combien magnifique et séduisante...surtout après l'arrivée un peu désagréable sur l'ile de Sal.... Faut comprendre les Lous, on s'était sacrement bien habitué à l'accueil hors norme de Dakhla, alors quand après 5 jours de navigation je crois, je sais plus en fait, on arrive à Palmeira pour faire l'entrée dans le pays, c'est le samedi et tout le monde est complètement défoncé sur le port avec des regards un peu suspects envers nous, c'est un peu le choc et surtout un sacré contraste.... tu me diras, ça nous empêche pas de nous fondre rapidement dans le décor en 24 heures, les doudous dans le bateau voisin de Kathy et après midi Disco au Capricorno... faut bien s'adapter quand même, et j'ai pas bu de bière depuis deux mois, alors.....
Donc SANTA LUZIA, on y arrive car on en pouvait plus de rester à Palmeira, pourtant c'était sympa la petite communauté de l'annexe, parfois plus de 6 ou 7 annexes derrière le Lou.... on n' en pouvait plus non plus de l'eau boueuse dûe aux ondes tropicales (impressionnant, le torrent de boue juste devant le bateau, la plage dévastée, les barques qui coulent, une voiture emportée par la boue...si j'explique tout, y' aura plus vraiment de fil conducteur dans l'histoire, déjà que c'est un merdier sans nom pour comprendre...)......
Voilà donc de donc, SANTA LUZIA, déçus par notre stop de deux jours à Tarrafal sur Sao Nicolau, on continue motivés de découvrir quelques paradis vers les petits ilots de RAZO, où nous ne trouverons jamais la soit- disante digue, avec un petit phénomène local sympa, l'eau qui bouillonne autour du bateau, comme un jacuzzi à la maison mais en plus grand.... Donc pas possible le stop à Razo, c'est pas grave on file sur la toute proche voisine de BRANCO, impressionnant, une langue de pierre qui s'élève, mais pas moyen d'y mouiller, mais nous motivés on essaye quand même.... c'est incroyable cette houle, parfois tu te demandes comment ça marche ce machin, tu devrais être protégé, mais ça rentre tout le temps... aller on se casse, Branco c'est pas pour nous non plus..... dernière chance disponible Santa Luzia, on commence à se poser de questions tout de même, pas moyen de trouver chaussure à notre pied ou plutôt mouillage à notre ancre ici au Cap Vert, pour le moment faut l'avouer on est un peu déçus...
Alors enfin, enfin, une ile déserte, un ilot, une immense plage de sable blanc et des montagnes, des montagnes et des paysages de fou.... on se réconcilie avec l'archipel du Cap Vert, on serait bien restés des semaines là bas, mais les copains arrivent à Dakar, alors ça ne sera qu'une petite dizaine... des jours de chasse sous- marine, tous les jours c'est poisson à gogo ou plutôt à Anja, faut voir comment il assure mon fiston, c'est le meilleur au monde, en plus il est beau comme moi !!!!! aussi des randonnées de folie, des lignes de crête comme dans le Seigneur des anneaux, mais là bien sur c'est nous les acteurs et le décor n'est pas des moindres, on se force même un peu, à redescendre des montagnes la nuit, avec quelques petites escalade et frayeur quand notre chien tombe de plus de 5 mètres, mais rien, il est solide le Breizh (on l'appelle BuBu dans ces cas là).... tout file trop vite ici, on pourrait y rester une vie, on a le poisson pour le midi et le soir, on a l'eau douce du dessal, on allume un peu les moteurs tous les 4 ou 5 jours, on a du stock de pâtes et riz, et ma chérie est devenue une vraie boulangère, pain frais tous les matins, et même les Dumpet Bushman Bread qu'elle nous fait, ouah, meilleur qu'à la Mie câline de Carrefour Alonnes.... voilà on aime bien cette ile et on l'aime bien c'est sûr.....
Les gens qui parlent pas, on les écoute pas !!!!! ça c'est des vraies vérités, elles me viennent à l'esprit toutes seules... moi, j'aime les gens authentiques, grandes gueules ou bourrus, marins surtout, débutant ou pas, mais on vit sur l'eau alors on est marins, donc un devoir de partage et de solidarité des gens de la mer.... ça c'est l'esprit, parce que y a quand même quelques bons cons.......
LA SUITE
20 février.....5 mois après.... pas mal de choses ont changé, ou plutôt presque tout a changé...
On était une famille d'oiseaux, volant au dessus des nuages, notre bonheur transperçait les nuages, nous mangions le soleil et l'amour à chaque jour de notre voyage, tout était beau, tout nous éblouissait, nos yeux n'était pas assez grands pour toute les richesses que nous observions, nos cœurs se sont ouverts à l'Afrique, ou plutôt l'Afrique nous a emportés avec elle, tel un amour foudroyant, on dirait banalement un coup de foudre, pourtant on l'a simplement effleurée, à peine touchée du doigt, mais quelle magie, ouais quelle magie.
Je parle de la Casamance avant de parler de nos déceptions qui viendront bien assez tôt dans ce récit.
La Casamance nous a transportés, je n'ai jamais rien ressenti de tel,ses paysages m'ont terriblement apaisé, moi l'éternel insatisfait, l'éternel agité... ses couleurs, ses chaleurs ont guéri une partie de moi.... un ami m'a dit (Alain de Ysée) « tu rentres ici sur une terre magique ».... on venait d'arriver à Niomoune, en étant rentrés par la rivière Kallisay (le faites pas, c'est dangereux, notre bonne étoile nous a aidés!!!), je comprenais qu'à moitié encore....
Aujourd'hui, cette terre est loin derrière nous, et mon dieu que je comprends, qu'elle me manque, comme un amour trop bref, il y des moments qui ne s'expliquent pas, il y a des moments qui se vivent, qu'on a vécus, qu'on ressent tous différemment, suivant la période de sa vie, suivant son état d'esprit, il y a des choses qu'on comprend et des moments qu'on ressent.
L'Afrique est une terre d'aventure et de découverte, elle nous convenait à merveille...j 'ai pas trouvé d'équivalent pour l'instant et j'en suis malheureux...
UNE AUTRE DECOUVERTE... LA TRISTESSE....
On doit remonter sur Dakar après deux mois de Casamance, deux mois en apesanteur dans les étoiles à se balader de galaxie en galaxie, un parcours hors norme.... donc on remonte car on doit poser Mimi et Jean Paul à l'aéroport et rejoindre le Rallye des Iles du soleil auquel nous nous sommes inscrits deux ans plus tôt....
Nous arrivons de Mars, et le retour sur terre est trop brutal.... on rejoint le Rallye à Dakar devant le Sofitel Teranga, la fracture est trop grande pour nous, qu'est ce qu'on fait là, le racket commence, tu veux prendre la navette tu payes, dans le 5 étoiles, tu payes, pour l'hôtel de luxe, pas d'enfants dans la piscine.... ça y est je ressors les crocs, la Casamance m'avait apaisé, la connerie humaine me révolte, je deviens agressif....
Voici un extrait de ce que j'ai écrit pendant notre période de Rallyman :
« Il n'y a plus le parfum d'avant dans notre voyage, c'est comme si toutes ces odeurs de rêves qui nous ont longtemps accompagnés s étaient envolées, disparues... où sont -elles parties ? et pourquoi ?
Depuis que nous avons rejoint ce rallye, notre façon de voyager a changé, nous sommes passés du sentiment d'explorateur-navigateur à un retour au monde des terriens-citadins, dans leur bateau de luxe qui n'a jamais connu l'exotisme d'un bolong, avec le charme d'un mouillage improvisé en toute solitude.
Ils n'ont pas de caractère, sont lisses, pas déconneurs, pas d'enthousiasme, et nous on se retrouve parmi eux et on devient comme eux.
La magie de la famille, ensemble dans le bateau a disparu elle aussi, on est moins bien, on se couche tard et on écoute des discussions qui nous saoulent.
J'ai besoin de retrouver l'âme du voyage, le sens de notre voyage, parmi eux, tout se perd... tout le sens du grand voyage qu'il n'auront jamais, ils nous font courir à nous, le risque de le perdre.
Combien de temps encore ????
Je suis fatigué, j'ai besoin de repos, marre de suivre un rythme qui nous convient pas...
Je ne me suis jamais senti aussi seul que depuis que nous voyageons en groupe, on a toujours pété la forme, là, ma femme est fatiguée, elle ne dit rien mais je le vois, moi je suis KO, otite à répétition, un truc qui ne m'est jamais arrivé, peut- être est ce nos corps avant notre esprit qui réagissent à la connerie de ce voyage...
Nous voulons notre vie d'avant, celle qui était faite de Kite- surf, de nuits dans le désert, de vraies rencontres, celle où nous avions notre ile déserte rien qu'à nous, où nous avons chassé le poisson chaque jour et fait des randonnées à encore en être émerveillés..
Notre vie qui se rythmait par la découverte quotidienne d'un nouveau bolong, d'un nouveau village africain, des couchers de soleil sur la Casamance, des ondes tropicales qui font gronder le ciel avec des couleurs irréelles et où notre petit bateau devient un abri magique...
L'Afrique me manque profondément, j'ai besoin du calme de la Casamance, de rencontrer de nouveaux amis, ceux qui ont de l'histoire sur leur visage, qui sont vrais et francs, des caractères, des personnalités, des sourires, oh oui, retrouver les sourires de notre petite bande de bateaux de Palmeira....
Je sais que tout ça va revenir, quand nous partirons et retrouverons nos ailes, nous nous sommes mis en cage tout seuls, mais nos enfants ont l'air heureux, et aussi l'Amazone qui arrive, alors que faire ?????? »
Aujourd'hui, nous en sommes sortis, ouf, on respire à nouveau, on aura fait un passage de 3 mois à peu près, même pas la moitié, c'est suffisant, on y est restés car ça coûte très cher (mais ça sert à rien) et on ne voulait pas payer une deuxième fois l'escale de Fernandho de Noronha, et aussi pour nos copains de Sualiga et sa bande de doudous avec lesquels nos enfants avaient bien fusionné.
YaYa, c'est mon pote de Transat, le cap'tain de Sualiga, celui avec qui on a discuté pas mal de temps tous les soirs à la BLU, en discutant de tout et de rien , surtout pour écouter la voix de l'autre qui réchauffe le cœur de celui qui écoute.... eh, les Sualigettes, on se retrouve en Guyane, avec la Banane, vous aurez quitté vous aussi ce Rallye et je pense que votre voyage commencera enfin, le vrai voyage......
Voilà, je suis en train d'écrire ce texte à Galinhos, dans la poussada de Clara, superbe poussada de charme au ras de la lagune, cadre idyllique, dunes de sables géantes, rues de sable, pas de voiture, presqu'ile de pêcheur isolée de tout, des charrettes, des ânes, un super spot de surf et Kite surf, des sourires, de l'accueil.... mais ça je ne le vois que depuis peu, on est arrivés ici tellement fatigués.....
Galinhos, c'était notre porte de sortie du Rallye, fallait que je trouve quelque chose de sympa pour les Lous, au Brésil c'est pas facile en bateau, les rares abris dans les rios sont souvent des accès aux grandes villes....mais les rencontres et le hasard font bien les choses, notre voyage recommençait doucement, on le sentait au fur et à mesure des nouvelles rencontres qui nous ont amenées jusqu'ici...
Une dernière pensée pour aujourd'hui, une qui m'accompagne souvent....un espace de bonheur dans mes rêves...une douceur qui donne plus de goût à la vie...
à ma belle maman..à ma belle Mimi....
Vous êtes venus nous voir en Casamance, j'ai adoré tous les moments partagés ensemble, j'avais envie de m'occuper de toi, pour une fois te donner un peu de mon temps.... ce que le sale con que je suis n'avait jamais fait...
Toutes ces années l'un à coté de l'autre sans se voir parfois, si bien sûr, toi tu voyais, moi je courais, mon cœur était sans doute trop petit à l'époque, mes yeux ne voyaient pas assez large pour prendre tout l'amour que tu nous as toujours donné...
Je regrette tous ces moments perdus, mille excuses, parfois mon cœur en pleure, c'était pas toujours facile pour moi, c'est ma seule excuse, trop de préjugés, trop d'assurance, trop grande gueule... et surtout trop de fatigue et pas assez de temps pour découvrir....
voilà, sachez tous aujourd'hui que j'aime à la folie la Grand -mère de mes enfants et le Polpol qui va avec bien sûr..... Criez le haut et fort.... nous resterons nostalgiques du passé, heureusement, et partagerons un futur plus simple...
Notre quotidien d'entrepreneur français nous a gaché tellement de moments, maintenant c'est fini.....J'aime ma vie, j'aime ma femme, mes enfants sont beaux à en crever, mon bateau est beau, et moi aussi....alors voilà, voilà quoi...tu veux quoi encore!!!!!!!!!!!
